Trafic du « saphir blanc »: quand les vivants hantent le monde des morts !
Les autorités malgaches ont procédé à la saisie de 900 kilos d’ossements humains dans la région du Manakara. Cette affaire a éclaté au grand jour, suite à une complainte du voisinage dans la commune d’Ambala, là où des sacs remplis de restes humains étaient entreposés avant leur acheminement vers de potentiels acheteurs. Cette saisie surprenante « du saphir blanc » a été signalée à la police, le mardi 17 avril par le « Fokolona », soit, le porte-parole de la commune d’Ambala.
Selon l’adjudant de la gendarmerie, ces ossements étaient dissimulés sous des branches, à proximité d’une cabane et ont été découverts par un voisin. Les autorités se sont très vite enquis de cette affaire et ont déjà procédé à l’arrestation de quatre suspects, dont une femme.
Le commandant de la compagnie de Manakara, commentant cette affaire, a souligné qu’aucun cas de profanation de tombes n’a jusqu’ici été rapporté. L’hypothèse la plus probable, serait selon lui, que les ossements aient été préalablement entreposés au village, dans l’attente d’acheteurs potentiels. Les suspects, tous résidents des communes avoisinantes du district du Manakara, ont été placés en détention policière. Ils seront jugés sous des charges d’accusations de trafic d’ossements humains. L’enquête en cours tentera d’établir la source de ses ossements, ainsi que le marché auquel ils étaient destinés.
Les 900 kilos saisis constituent le premier gros coup de filet de cette année dans la région de Vatovavy Fitovinany. L’an dernier la police avait intercepté une tonne et 500 kilos d’ossements humains. Des cas similaires ont également étaient recensés au Cameroun en 2017, où des tombes avaient été pillés. Ces os, destinés à des trafiquants, étaient estimés 80 millions de Francs CFA. Cette marchandise avait pour principal but de servir à la fabrication de remèdes traditionnels contre le mauvais sort ou l’infertilité.
La vie éternelle, les malgaches célèbrent la vie après la « mort »

La cérémonie du Famadihana
Le corps n’est qu’une enveloppe et la mort en elle-même n’est pas la fin de tout. C’est dans cette optique que les malgaches entretiennent une relation de proximité avec leurs défunts. Il n’est donc pas étonnant que cette découverte ait soulevé une vague de controverse au sein de la communauté d’Ambala. En effet, la culture malgache découle d’une longue tradition ancestrale. Ainsi, le passage de la vie à la mort est célébré d’une façon très distincte du reste du monde. Par conséquent, tous les ans, les malgaches observent le famadihana, culte pendant lequel les familles rhabillent leurs défunts et organisent de grands repas. Honorer les ancêtres est ainsi pour les malgaches une démarche importante dans leur vie quotidienne.
La profanation des sépultures est non seulement très mal perçue de la communauté malgache, mais attirerait aussi selon eux le mauvais sort. Ces derniers croient fermement que leurs ancêtres possèdent des pouvoirs et intercèdent en leur faveur. L’enquête tentera de retracer l’endroit, d’où proviennent les ossements. Au cas contraire, ils seront remis au « Fokolona » qui prendra la responsabilité de les enterrer.